rêveries

  • "Le roi, la puce et le fou" - Conte

     

    LE ROI, LA PUCE ET LE FOU - CONTE

     

    Il y avait en une contrée lointaine un royaume gouverné par un roi de main de fer.

    Toutefois, il n’avait pas suivi la voie de son père, qui était d’une grande sagesse, et il manquait totalement de clairvoyance et de discernement. Il n’écoutait aucun des avis de ses conseillers, n’en faisait qu’à sa tête, et menaçait, par ses fantaisies coûteuses et excentriques, de mener à la ruine le royaume prospère dont il avait hérité.

    La reine son épouse n’était pas sans souffrir de ses excès. Depuis de longues années, elle désirait un enfant qui ne voulait point naître, et ne cessait de s’en plaindre. Cela n’était pas sans influer sur le monarque atteint de démesure, qui dilapidait les deniers du royaume pour enrichir les innombrables guérisseurs, génies, fées bienfaisantes et autres traitements qui auraient la faculté de rendre la reine féconde.

    Hélas, en dépit de cette débauche de moyens, la reine demeurait stérile. Et le couple royal s’en rendait mutuellement responsable.

    Nul ne semblait pouvoir améliorer cette malfaisante situation qui affectait tout le royaume. Les terres s’asséchaient, les cultures se raréfiaient, les richesses s’amenuisaient et le peuple lui-même sombrait peu à peu dans une misère noire.

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  • "L'homme occupé et la rose" - Fiction

     

    L’HOMME OCCUPÉ ET LA ROSE - FICTION

    Ceci est l’histoire d’un homme occupé.

    Occupé par un travail acharné, des activités à n’en plus finir, une multitude de personnes qui le harcèlent et le sollicitent en permanence, membres de sa famille, collègues de travail, connaissances, amis.

    Si occupé que la vie l’avait effleuré sans le toucher, sans le marquer, sans le transformer. Une épaisse carapace s’était formée autour de lui et parfois, elle était un peu douloureuse. Mais il n’en avait cure.

    Le temps passait, filait et le dépassait à grande vitesse. Et lui aussi passait, filait et se laissait dépasser par le temps qu’il tentait en vain de rattraper.

    On le voyait se précipiter d’un endroit à l’autre, d’une activité à l’autre, d’une personne à l’autre, et même lorsqu’il lui arrivait de se divertir, son meilleur ennemi, le temps, ne lui laissait aucun répit.

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  • "Pandore et le papillon" - Conte

     

    PANDORE ET LE PAPILLON - CONTE

    Le papillon affolé battait des ailes en direction du point lumineux, s’en approchant en cercles concentriques de plus en plus étroits. Il savait pourtant que la lumière était un feu ardent qui pouvait le griller jusqu’à la mort. Mais tout en le sachant, il ne pouvait résister à la puissante attraction qu’exerçait sur lui cet éclat aveuglant.

    "Arrête, n’y va pas, murmurait-on autour de lui, retourne dans l’ombre, tu es encore jeune, tu dois vivre! – Cessez d’implorer, répondait le papillon. La vie est si éphémère et cette lumière si éternelle."

    Il déploya alors ses ailes, à la fois dorées, argentées, rayées de rouge et de bleu, et s’envola à une vitesse vertigineuse. Le centre brillant s’approchait de lui. Il le distinguait de plus en plus nettement, ne voyant plus que lui. Autour, le monde était plongé dans l’obscurité, car il n’y avait pas de lune cette nuit-là.

    "Et pourtant, songea-t-il subitement, j’aimais ce monde dans la douce lueur du jour, alors que me voici dans la nuit noire. Mais cette lumière vive m’attire tant, elle est comme la promesse d’une perpétuelle jouissance. Je n’y peux rien, je vais mourir consumé..."

    Il se précipita dans la flamme qui l’aspira en un éclair. Il se sentit désintégré par sa chaleur intense, ses ailes fondaient et son corps allait subir le même sort. Néanmoins, il continuait à se sentir vivant. Etait-ce un leurre, une impression, un mensonge de ses semblables pour l’empêcher de faire cette singulière expérience? Il éprouvait un profond bien-être, comme s’il était irradié par une bénéfique tiédeur printanière. "Comme c’est bon, pensa-t- il, est-ce cela, la mort?"

     

    Papillon

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  • "Le prince dans sa tour d'ivoire" - Conte

    LE PRINCE DANS SA TOUR D’IVOIRE - CONTE

    Il était une fois une fée qui vivait dans le royaume des fées de l’air du temps, de la pluie, du vent, et de l’amour qu’elle portait à toutes les créatures du ciel et de la terre. C’était une fée bienfaisante, et elle avait été comblée de nombreux charmes et talents par le magicien son père, et père de toutes les fées de l’univers.

    Femme ailée au milieu d'arbres dorés

    Pourtant, malgré les dons variés dont elle était dotée, il lui manquait quelque chose: elle ne connaissait pas le monde des humains et n’avait encore jamais rencontré ce que l’on appelle dans le langage humain un homme. Or, cela était contraire à la destinée des fées qui, comme chacun sait, doivent remplir des missions auprès des humains et leur apporter aide et réconfort. Notre fée ne s’en plaignait pas; elle était bien trop éprise de solitude et de liberté, aimant à vagabonder dans le ciel - elle avait le pouvoir de se métamorphoser en oiseau d’un coup de baguette et de voler librement dans les airs - et sur la terre, à parler aux arbres et aux bêtes de la forêt qu’elle affectionnait particulièrement. Et elle se sentait si comblée qu’elle n’avait nulle envie de quitter ce royaume enchanteur où chaque instant lui réservait de nouveaux délices et des grâces infinies.

    Un jour cependant, alors qu’elle volait dans le ciel, un violent orage éclata et de puissantes rafales de vent l’éloignèrent de son royaume. Elle en fut si effrayée qu’elle craignit de perdre ses ailes et de mourir. Alors qu’elle se débattait au milieu d’éclairs menaçants, implorant en vain le magicien de la sauver, elle aperçut devant elle une drôle de tour très haute, tout en ivoire - elle n’avait encore jamais vu de tour d’ivoire - surplombée d’une terrasse où elle put atterrir sans trop de dommages.

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